Hurler pour guérir : Quand l’effondrement devient un acte de vérité

Une parole brute, une amitié nue

Hurler pour guérir : Quand l’effondrement devient un acte de vérité. Cette conversation n’est pas un simple échange. C’est un cri. Un appel. Une tentative de faire tomber le masque. Elle se déroule entre deux amis, Aurélien et Bastien, dans un moment de grande intensité émotionnelle. À travers leurs mots, ce n’est pas seulement une douleur individuelle qui s’exprime, mais le drame universel du refoulement émotionnel. Bastien souffre. Il souffre depuis longtemps. Il ne sait plus comment faire avec cette douleur. Et Aurélien, sans détour, le confronte à cette vérité : « Tu ne prends pas soin de l’enfant qui est en toi. »

Dès cette première phrase, la ligne est tracée : ce n’est pas le monde extérieur qui est en cause, mais un monde intérieur abandonné.

I. Ce qui se joue : la non-reconnaissance de la souffrance

Aurélien énonce ce que Bastien n’ose plus se dire :

« Tu ne prends pas soin, quelque part, de toi, quelque part de la souffrance qui est en toi. »

Ce refus d’attention à soi n’est pas volontaire. Il est hérité, structurel, presque culturel. Bastien ne rejette pas consciemment sa souffrance. Il ne sait pas faire autrement. Il a appris à fermer les vannes, à ignorer le feu sous la glace :

« Tu appuies sur cette vulnérabilité comme en fermant la cocotte-minute. »

Mais ce qui ne s’exprime pas s’imprime. Ce qui n’est pas traversé s’incruste. Aurélien lui révèle que cette souffrance continue d’exister malgré les efforts pour l’étouffer, et qu’elle s’exprime autrement :

« C’est parce que tu ne prends pas soin de la souffrance qu’elle apparaît sous cette forme : ‘Regarde, je suis là. Regarde, je souffre. Regarde, j’y arrive pas.’ »

La douleur n’a jamais disparu. Elle a juste changé de masque.

II. Le paradoxe de la maîtrise : vouloir aller bien sans accepter d’aller mal

Bastien veut aller mieux. Il tente, avec sincérité, d’être présent à lui-même :

« Je me réveille le matin, je suis pas bien. J’accueille ça. J’essaie d’être présent à ça. »

Mais Aurélien nuance : ressentir n’est pas suffisant. Voir ne suffit pas. Il faut descendre dans l’émotion, s’y abandonner, cesser de vouloir la gérer.

« Ce que je veux dire, c’est que tu la ressens. Tu ressens que ça va pas, tu le vois, tu le captes. Mais tu ne vas pas en prendre soin, proprement parlé. »

Prendre soin de la souffrance, ici, ne signifie pas la réparer. Cela veut dire l’aimer telle qu’elle est, c’est-à-dire s’aimer malgré ce qu’on ressent. Or, Bastien veut encore contrôler, comprendre, maîtriser. C’est le piège de l’hyperconscience : on pense qu’on avance, alors qu’on évite toujours l’instant brut de la chute.

Aurélien ajoute :

« Tu veux gérer ce truc-là, tu veux le maîtriser, là où en fait, il faut pas le maîtriser. »

III. L’enjeu réel : renouer avec sa vulnérabilité

L’essence de la conversation se cristallise dans cette révélation :

« Ce que tu dois accepter, c’est la vulnérabilité qui est associée à cette souffrance. »

C’est là que réside le verrou. Bastien est un homme debout, fonctionnel, entouré. Mais ce qu’il n’a jamais osé être, c’est un homme vulnérable. Parce que la société, les parents, les anciennes compagnes lui ont enseigné que cette part-là était illégitime :

« On t’a toujours expliqué que cette souffrance-là, chez toi, elle était pas légitime. »

Et ainsi s’est formée la carapace. Celle de celui qui croit qu’il doit être fort pour être digne. Qu’il doit maîtriser pour exister. Aurélien le confronte à cela frontalement :

« Ma carapace, c’est de croire que je suis invulnérable. »

À cet aveu, les larmes viennent. Car le début de la guérison, c’est quand la carapace craque.

IV. Le déclencheur : Jessica et la mémoire traumatique

Jessica n’est pas la cause de la souffrance. Elle en est l’amplificateur. Son comportement agit comme un trigger, un déclencheur :

« J’arrive plus à les gérer, parce que j’ai un trigger à côté de moi, et c’est Jessica. »

Elle ravive une douleur ancienne, une peur archaïque :

« C’est la peur de l’abandon, encore. C’est la peur de souffrir, encore. C’est la peur de te sentir mis de côté, incompris et fracassé. »

Ce que Bastien vit dans le présent est une répétition d’un passé jamais guéri. Tant qu’il n’aura pas accepté de regarder ce passé en face, le présent continuera d’en porter les stigmates.

Aurélien le dit sans détour :

« Ce que tu ressens, tu arrives pas à le comprendre, ni à aller à la cause. »

V. Le remède archaïque : le cri

Le moment le plus déroutant, et en même temps le plus salvateur, de la conversation est l’invitation à hurler.

« Hurler, ça marche très bien. Vraiment. »

Ce n’est pas une métaphore. Aurélien parle d’un cri physique, abdominal, viscéral. Un cri qui vient du ventre, du corps, de l’animal humain que nous sommes. Un cri qui n’est pas socialement acceptable, mais existentiellement libérateur.

« Tu vas chercher l’émotion, et tu vas chercher le truc directement qui explose. »

Bastien se souvient avoir crié dans un oreiller, trois semaines plus tôt, et s’être senti mieux après. C’est la preuve que le corps sait. Le corps se souvient. Le corps libère ce que l’âme ne peut plus porter seule.

Aurélien insiste :

« Tu dois t’effondrer. Si tu t’effondres pas, l’exercice n’est pas acté. »

Et cet effondrement, loin d’être une faiblesse, devient un rite de passage vers une vérité nue.

VI. L’espace symbolique : partir pour s’affronter

Le projet d’un séjour en solitude – à l’Erabling, dans un Airbnb, dans une forêt – prend ici une dimension initiatique. Il ne s’agit pas de fuir. Il s’agit de se retrouver face à soi.

« Le fait de te retrouver face à toi-même, rien qu’avec toi-même, c’est toi qui prends soin de toi. »

Sans spectateur, sans guide, sans distraction, le travail commence. L’espace extérieur devient le miroir de l’espace intérieur. C’est dans ce retrait volontaire que peut émerger le vrai soin : celui qu’on se donne à soi-même.

Et comme le dit Bastien à la fin, dans un éclair de lucidité :

« Je pense que j’attends que ce soit l’extérieur qui règle mon problème. Alors que non, en fait, c’est toi, et toi-même. »

Conclusion : la vérité de l’effondrement

Cette conversation n’est pas un dialogue ordinaire. C’est une leçon existentielle. Elle rappelle que pleurer, hurler, tomber, ce ne sont pas des actes honteux. Ce sont des actes sacrés. Ce sont les fondements de toute transformation authentique.

« Le courage, c’est pas de se dire : je suis fort et je suis intouchable. Le courage, c’est d’accepter d’être vulnérable, et d’y aller quand même. »

Dans un monde qui valorise l’invincibilité, cette parole brute est un appel à l’humanité. Elle dit : laisse sortir ce qui doit sortir. Pleure si tu dois pleurer. Hurle si tu dois hurler. Et tu verras que derrière la douleur, il y a la paix.

Et c’est peut-être cela, la plus grande révolution : oser être fragile pour enfin devenir libre.

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